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Ce que la science dit de l’énergie vitale

Entretien avec le Dr Thierry Janssen

Pour le Dr Thierry Janssen, auteur de « La Solution intérieure », un ouvrage remarquable - qui fait la synthèse entre toutes les données scientifiques sur le corps, les émotions, les croyances, les pensées et même l’âme ! -, la « notion floue » d’énergie vitale a justement l’immense mérite de permettre de faire le lien entre les différents niveaux de l’être.

Formé en Belgique, en France et aux États-Unis, le Dr Thierry Janssen est spécialisé en gynécologie et en urologie. Très tôt cependant, la spécialisation à outrance de la médecine occidentale le choque. Sensible aux approches transdisciplinaires et aux médecines différentes, il s’engage dans une recherche à la fois scientifique et humaniste, qui l’amène à publier plusieurs ouvrages proposant une vision holistique - dont le dernier, La solution intérieure, est paru en 2006 (éd. Fayard). Pour lui, tout être est un dans ses différentes composantes : physiques (sensations et perceptions), émotionnelles (émotions manifestées physiquement et sentiments éprouvés mentalement), intellectuelles (raisonnement). Or, ce qui exprime le mieux la réunion harmonieuse du corps, de l’âme et de l’esprit est, selon Janssen, une notion extrêmement vague et même galvaudée, mais pour l’instant irremplaçable : l’énergie vitale. Nous nous sommes entretenus avec lui sur ce paradoxe.

Nouvelles Clés : Le mot « énergie » revient dans toutes les bouches. Mais de quoi parle-t-on exactement ?

Thierry Janssen : Dans nos systèmes de pensée médicaux occidentaux, basés sur un dualisme dichotomique entre corps et esprit, nous n’avons plus de modèle pour exprimer le lien qui existe entre les deux - et entre toutes choses finalement. Les approches qui se veulent holistiques sont obligées, dirait-on, d’aller chercher des modèles en Extrême-Orient, parce que là-bas, la pensée n’ayant pas été dans cette voie de dichotomie, elle a gardé une manière d’exprimer le continuum entre corps et esprit - et entre tous les niveaux du vivant. Or, on constate que, tant du côté de la Chine que de l’Inde, cette liaison est résumée sous la forme de concepts que l’on traduit chez nous par « énergie ». Les Chinois parleront du qi, les Indiens du prana, et nous, Occidentaux, nous avons beaucoup de mal à comprendre, cherchant à savoir s’il s’agit d’une énergie électromagnétique, ou nucléaire, ou mécanique, ou calorique... Et nous ne trouvons pas. Nous devrions nous rappeler qu’énergie vient du grec energia, qui veut simplement dire « force en action ». Ce concept flou permet à toutes ces médecines plus intuitives et holistiques - justement grâce à son imprécision - de montrer qu’elles agissent à tous les niveaux de l’individu, sans le cloisonner. C’est un continuum entre matière et pensée.

Selon l’équation d’Einstein, E = MC2, il y a équivalence entre matière et énergie, celle-ci se présentant tantôt comme « en réserve », tantôt comme « en action », tantôt comme les deux à la fois. C’est ce que veulent nous montrer les médecines orientales. Quand elles agissent sur le qi ou le prana (par l’acupuncture, ou les exercices respiratoires du yoga, ou le qi qong et son dérivé taï-chi), elles permettent une fluidité parfaite entre tous les niveaux de l’individu, entre sa pensée et son intellect, entre sa détente mentale et sa relaxation corporelle.

N. C. : Mais la vision scientifique d’aujourd’hui ne distingue-t-elle pas, d’une part, la matière/énergie (E=MC2), d’autre part, l’information (d’énergie nulle et donc démultipliable à l’infini) ? D’ailleurs, ne retrouve-t-on pas là un savoir ancien : ainsi, quand j’ai la sensation de « manquer d’énergie », je dis : « J’aimerais retrouver la forme » - or, la forme, c’est de l’information, pas de la matière/énergie !

T. J. : Oui ! Et j’ai justement le sentiment que l’Occident et la médecine occidentale trouveront leur nouveau souffle quand ils accepteront de se mettre à l’ère... où nous sommes déjà, c’est-à-dire à l’ère de l’information. Or, c’est très curieux : la médecine n’en est pas encore là. Elle utilise certes des instruments « informatiques », mais dans sa vision profonde, l’inertie la maintient dans l’ère précédente, qui était mécanique. Pour reprendre votre question, E=MC2, c’est l’idée que la matière est de l’énergie condensée, et le principe organisateur de cette matière/énergie est en effet de l’information. Donc matière, énergie et information sont trois façons d’aborder la nature des choses. Et il est amusant de voir que le problème de l’Occident, qui est en même temps son avantage, c’est qu’il a éprouvé le besoin d’explorer chacune de ces facettes le plus loin qu’il a pu, séparément du reste. Ce faisant, il a réussi à développer la science et toutes les technologies modernes, mais il s’est aussi enfermé dans des modes d’existence et d’expérience cloisonnés. Les Extrême-Orientaux n’ont pas atteint notre niveau technologique, précisément parce qu’ils n’ont jamais séparé comme nous la nature des choses en concepts distincts. L’avantage de cette limite, c’est qu’ils n’ont pas perdu le continuum et qu’ils interviennent, avec un seul outil (qi, prana... ou pneuma comme nos anciens Grecs), simultanément aux différents niveaux de l’être. Cette convergence, c’est ce que notre psycho-neuro-immunologie commence à retrouver, montrant comment on passe du psychisme au système nerveux, puis descendant jusqu’à l’expression cellulaire et génétique du corps.

N. C. : Quand je suis épuisé, surtout moralement, une simple information - par exemple un coup de fil amoureux - peut me redonner instantanément toute mon énergie, au point que je vais traverser la ville en courant ! N’est-ce pas le signe qu’en réalité, je n’ai jamais « manqué d’énergie », mais que celle-ci trouvait en moi un barrage, qui l’empêchait de circuler ?

T. J. : Mon premier chapitre parle du placebo, avec lequel nous avons beaucoup de mal dans la médecine occidentale. On ne peut comprendre comment un comprimé de sucre ou une attitude positive influencent la santé du corps que si l’on accepte d’abandonner le concept cartésien de séparation. C’est très simple quand on voit les manifestations de la pensée dans notre corps : une bonne nouvelle peut effectivement suffire à nous donner une montagne d’énergie ; inversement, en une fraction de seconde, un autre coup de fil peut nous jeter dans un malaise insupportable et nous vider. En termes biochimiques, on constate aujourd’hui qu’effectivement, quand on a des pensées positives et que le cerveau gauche est plus mobilisé, on active plus facilement le système parasympathique de la relaxation - et donc on a des sécrétions de molécules qui vont dans le sens de la réparation et de la récupération. Alors que quand on est dans des pensées négatives, on active plutôt son cerveau droit, qui va stimuler les glandes surrénales et tout le système orthosympathique du stress, avec l’adrénaline (pour s’enfuir ou combattre) et le cortisol (pour activer les défenses immunitaires), ce qui conduit finalement à un épuisement de l’individu. Donc une pensée ou une intention négatives auront pour répercussion physiologique une perte de potentialité d’action, alors qu’une pensée ou une intention positives relèveront au contraire cette potentialité. Et de nouveau, on ne peut pas préciser s’il s’agit d’énergie psychique ou d’énergie physique, puisque les deux sont étroitement liées.

N. C. : Vous placez les pensées positives dans le cerveau gauche et les négatives dans le droit ? Je ne connaissais pas ce découpage-là !

T. J. : Ce sont notamment les récents et extraordinaires travaux de Richard Davidson, qui ont montré qu’un contexte négatif ou dépressif provoque une activation préférentielle du cortex préfrontal droit. À l’inverse, des émotions positives nous font activer notre cortex préfrontal gauche. Considérant l’évolution du cerveau au cours des millénaires, il est de plus en plus admis que le cerveau droit est antérieur au gauche. Il est d’ailleurs un peu plus gros et plus vite formé chez le bébé. Les bébés sont plus facilement dans des émotions négatives, peurs, pleurs, malaises, douleurs, que dans des émotions positives. Pourquoi ? Probablement parce que les émotions négatives sont les signaux d’alerte du corps en danger, donc propres au nouveau-né et apparus au début de notre évolution, quand la question était de survivre dans un contexte dangereux, où il était vital d’avoir peur ou de se mettre en colère, pour fuir ou combattre. Ce n’est que plus tard, semble-t-il, que l’évolution nous a apporté un lot d’émotions positives, grâce auxquelles nous parvenons à vivre en groupe, à créer des relations, à aplanir des conflits, à obtenir une cohésion sociale. Aux États-Unis, des tas de laboratoires s’intéressent désormais beaucoup à cette approche, évidemment soutenus par le courant de la psychologie positive.

À sa façon, l’Occident commence donc lentement à comprendre toute une cascade de faits dont il ne voyait pas les liens jusqu’ici... C’est drôle, récemment j’ai fait une conférence devant des neurologues, qui ont ouvert de grands yeux et sont venus me dire à la fin : « Tout ce que vous avez dit est vrai, nous ne le savons par la pratique, mais nous n’avions jamais fait le lien. » La plupart n’avaient jamais ouvert un livre de psycho-neuro-immunologie ! Cela m’attriste que, dans ma culture, à force d’approfondir les détails, on ait à ce point oublié de faire les liens. Le Prix Nobel Linus Pauling disait : « L’important, c’est le lien. »

N. C. : Éclairez-nous donc sur un lien très quotidien. On dit qu’un produit de l’agriculture biologique est « énergétiquement plus vivant » qu’un produit de l’agriculture chimique. Pour vous, médecin et scientifique, cela a-t-il un sens ?

T. J. : Oui, en référence au principe de cohérence, qui va devenir central, je crois, en science, mais aussi en philosophie et en spiritualité. On sent aujourd’hui, que dès qu’il quitte sa cohérence, tout système, biologique ou pas, perd de la « vitalité », c’est-à-dire de sa potentialité et de sa force en action. Exemple psychologique : quelqu’un qui n’est plus cohérent avec lui-même, qui trahit ses intentions et ses aspirations profondes, entre en dépression et perd son énergie : il ne fait plus rien, reste dans son lit, voit l’avenir en noir, aplatit la vie. Dès que le thérapeute parvient à le remettre dans son système de cohérence, son énergie revient : il peut de nouveau agir dans le monde et sa pensée redevient créative. Malheureusement, aujourd’hui (il nous faut voir les limites de notre culture), l’Occident mondialise une vision prétentieuse de l’être humain, qui prétend se placer en dehors de la matière, notamment depuis le Siècle des Lumières, quand le philosophe John Locke disait : « La négation de la nature est la voie du bonheur. » Nous vivons toujours dans cette optique, où nous croyons que nous devons dominer la nature, la contrecarrer, l’empêcher de suivre ses cycles naturels. Ce faisant, nous créons des incohérences dans les systèmes naturels et nous leur enlevons de la vitalité, à tous les niveaux : mécanique, énergétique, intentionnelle - car tout être vivant a, profondément en lui, une intention, une sorte de logique de cause à effet... que le bouddhisme éclaire de façon intéressante. On pourrait dire qu’il y a risque d’incohérence dès que nous intervenons dans la loi de cause à effet et que nous provoquons des manifestations illogiques.

N. C. : Pour déborder d’énergie, il faut donc se connaître soi-même ?

T. J. : Absolument. Et bien définir quels sont nos besoins essentiels. Cela peut prendre une vie (d’où le titre de mon premier livre, Le travail d’une vie), d’aller jusqu’au fond de se soi, pour comprendre quel est l’essentiel singulier auquel nous devons répondre en nous, quelle est notre essence, autrement dit où s’allume notre vitalité profonde (l’essence ne fait pas seulement tourner les moteurs de nos voitures !). Si je m’imagine que mon essence est de passer du bon temps dans des lieux à la mode, je risque de perdre ma vitalité profonde si, en réalité, ma cohérence est ailleurs. Les lieux à la mode sont d’ailleurs remplis de gens qui consomment du prozac ! Pour le thérapeute qui soigne des gens très malades, il est souvent évident qu’ils ont choisi des voies de vie trop éloignées d’eux-mêmes. Si on leur permet de retrouver, couche après couche (parce qu’on triche avec soi-même depuis longtemps), leur intention profonde, ils gagneront en cohérence et donc en vitalité. À l’inverse, on est stupéfait de voir certains grands artistes, même âgés, déployer une énergie créatrice prodigieuse, travaillant nuit et jour, au-delà du concevable : c’est qu’ils sont en cohérence puissante avec ce qu’ils sont profondément. Et ça peut déplacer des montagnes ! D’un certain point de vue, oui, la vraie nature de cette « énergie » est de l’information. Une information globale, que plus tard, le public de l’œuvre en question recevra comme un choc hyper complexe, qu’il faudra des années pour analyser !
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Propos recuillis par Patrice van Eersel

Cet article a été diffusé la première fois dans le magazine Nouvelles Clés n° 49, en mars 2006.
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Dix clés pour stimuler votre système immunitaire

Par Anne-Marie Filliozat

La psychanalyste Anne-Marie Filliozat, qui pratique la pensée positive depuis trente ans, et le Dr Gérard Guasch, spécialiste des « cuirasses psychocorporelles », sont les pionniers d’une approche originale, proposant l’usage conjoint des pensées, images intérieures, émotions, sensations, tensions et mémoires corporelles. Grâce à leur livre Aide-toi, ton corps t’aider ! *, des exercices efficaces, inspirés par les neuro-sciences, mais aussi par la médecine chinoise, nous livrent ici pour la première fois des clés simples, pour améliorer notre vie quotidienne et notre santé : vitalité, immunité, sommeil, sexualité, etc... Nous leur avons demandé de résumer leur méthode en dix points forts.

Nous savons tous que notre système immunitaire est le gardien de notre santé, et les scientifiques ont maintenant largement montré qu’un état de stress élevé diminuait notre immunité. Tout ce qui vient du psychisme - climat émotionnel, images mentales, pensées - y participe. Comment pouvons-nous avoir une influence sur ces phénomènes psychosomatiques ? Voici dix façons de développer en vous-même des attitudes positives et donc de renforcer votre santé.

1. Développez une attitude de « dialogue corps/esprit »
Notre part de responsabilité commence par une attitude de vigilance : être à l’écoute des signaux venant de notre corps (fatigue inhabituelle, douleur même intermittente, changements notables de l’appétit, du sommeil, de la sexualité), ou des états prolongés de malaise psychologique (angoisses répétitives, forte anxiété permanente). À cet « état des lieux » doit s’ajouter un questionnement sur le quand, comment, pourquoi ? Faire la mise en lien avec tel événement, telle situation stressante.

2. Apprenez à diminuer l’impact du stress
Différentes pratiques simples et efficaces peuvent nous aider à ne pas laisser des agents stressants, même forts, avoir sur nous un impact trop violent. La première des ressources est un mode respiratoire qualifié d’anti-stress, justement parce qu’il empêche le blocage quasi réflexe du diaphragme. Privilégiez l’expiration sur l’inspiration. « Souffler », au lieu de suspendre sa respiration en apnée, assure un relâchement global immédiat de l’organisme.

3. Cultivez une pratique régulière de la relaxation
La relaxation permet une détente musculaire et mentale. Pratiquée régulièrement, elle nous évite la surcharge des tensions et augmente sensiblement notre résistance au stress. Cette pratique consiste à formuler, sous forme d’idée ou d’image, une intention de détente - si possible en station allongée. Ce message de relâchement est immédiatement enregistré par notre cerveau qui diffuse l’information à tout notre organisme.

4. Visualisez l’activité de votre système immunitaire
L’image étant le véhicule privilégié entre psyché et soma, en nous représentant le fonctionnement de notre système immunitaire, nous lui envoyons une injonction, une sorte de « pub subliminale » visant à stimuler son activité. Un exemple : imaginez des cellules équipées de radars, qui circulent dans tout votre corps, détectant et éliminant tout élément indésirable, ou bien une équipe d’agents d’entretien, débarrassant l’organisme de ses pollutions intérieures.

4 . Osez exprimer vos émotions
L’état de stress s’accompagne d’une charge émotionnelle importante, le plus souvent retenue. Cette répression des émotions a des conséquences fâcheuses sur votre humeur, votre état de tension musculaire, votre circulation énergétique. Il est donc bon pour votre santé (et très soulageant) d’exprimer votre ressenti chaque fois que cela est possible. Il est bon de vous habituez à dire ce qui ne vous convient pas, à refuser fermement ce qui dépasse vos limites, à pleurer dans des bras accueillants quand vous traversez des épreuves graves, à partager vos inquiétudes. Beaucoup d’états dépressifs sont à mettre sur le compte d’émotions réprimées, souvent depuis très longtemps, et s’accumulant au fil du temps. Un accompagnement psychothérapeutique est parfois indispensable pour aider à se soulager de cette charge et pour retrouver la joie de vivre.

5. Cultivez une politique de plaisir et d’humour
Profitons pleinement des petits plaisirs offerts par la vie quotidienne ; les grands sont moins fréquents, alors n’attendons pas les circonstances exceptionnelles, ou que tout aille bien, pour savourer la vie, y compris dans les moments les plus ordinaires. La pensée positive n’est autre chose qu’un rappel du merveilleux de la vie. Malgré les épreuves, et parfois les horreurs, la vie est un miracle permanent et réserve des trésors. Gardons à l’esprit cette vérité désormais prouvée scientifiquement : sous l’effet du plaisir, les cellules de notre système immunitaire font nettement mieux leur travail. Et l’humour ? C’est un fantastique remède à la morosité et une élégante manière de prendre du recul - certains s’en sont efficacement servi pour guérir de troubles graves ! C’est un outil anti-stress puissant... à condition d’être manié de façon non agressive. Quant à nos croyances rigides, rien de tel que des amis rigolos pour les bousculer et éviter qu’elles ne sapent nos efforts.

6. Traitez-vous avec indulgence et douceur
La plupart d’entre nous sont des juges impitoyables pour eux-mêmes. Quand vous avez commis oubli, erreur ou maladresse, même minimes, n’est-ce pas aussitôt un reproche, voire une injure que vous vous adressez ? Ce jugement négatif a une résonance dans tout votre organisme, déclenchant humeur négative, crispations, tensions corporelles. Le remède : avoir une attitude de juste amour de soi, qui n’est pas du nombrilisme, mais la reconnaissance de nos réelles qualités.

7. Ayez un mode de vie qui respecte vos besoins
Vos besoins sont tant physiques (alimentation, sommeil, exercice) que psychologiques (être aimé, reconnu, se réaliser), ou existentiels (avoir des buts, donner sens à sa vie). Chaque fois qu’un de vos besoins fondamentaux ne trouve pas une satisfaction adéquate, se développe un état de stress plus ou moins important selon le degré de frustration. Le cumul et la prolongation de ces agents stressants usent votre résistance, tant émotionnelle que mentale, déprimant votre système immunitaire. Bien connaître ses besoins est une première étape, pas toujours facile pour ceux qui ont été éduqués à s’occuper des autres plutôt que d’eux-mêmes ; ensuite repérez les manques et évaluez les ressources susceptibles d’y pallier.

8. Prenez soin de votre réseau relationnel
La communication avec les autres est indispensable pour alimenter l’énergie en nous. En outre, le contact physique avec des proches n’est pas seulement un antidote à la solitude ; quand la relation à l’autre est suffisamment bonne, elle apporte un sentiment de sécurité qui diminue l’anxiété. Autre bonne nouvelle : le contact peau à peau est en relation directe avec l’activité cellulaire. Des études faites sur l’influence des massages ont objectivé l’effet très bénéfique sur le fonctionnement corporel de la « chaleur humaine » ainsi transmise.

9. Faites circuler l’énergie en vous
La vie est mouvement. Vos blocages restreignent la circulation de votre énergie. Entretenez la fluidité, en faisant bouger votre corps dans la souplesse. Qu’il s’agisse de marche, de sport, d’arts martiaux, ou d’autres pratiques, le projet est de « décuirasser » votre organisme, d’éviter les scléroses, d’ éveiller les sensations de votre corps bien vivant.

10. Assurez une synergie de vos ressources
Soyez attentif à chacun des paramètres évoqués ci-dessus, afin de rester dans une optique de globalité de votre personne. Chaque ressource potentialise les effets d’une autre et crée une synergie reposant sur l’unité fondamentale corps/esprit.

À lire : Aide-toi, ton corps t’aidera, Anne-Marie Filliozat - Gérard Guasch

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Pour une éducation à la beauté et à la magie de la vie

Par Pierre Rabhi
Peut-on changer de société sans changer d'éducation ? Jamais cette question ne s'est posée d'une façon aussi cruciale et décisive qu'aujourd'hui. Cruciale parce qu'elle est sous-tendue par la souffrance de nombreux jeunes en désarroi face à un avenir sans visage. Décisive parce qu'une réponse erronée dans la complexité et les mutations rapides de notre époque aurait des conséquences quasi irrattrapables.

Il semble que dans l'espace du "décisionnel" rien de vraiment nouveau n'apparaît hormis quelques aménagements inspirés par les attentes de quelques personnes militant pour le changement. Ces personnes se trouvent d'ailleurs en partie parmi celles à qui la nation confie ses enfants, c'est à dire certains enseignants. On se demande alors si ce magistère que représente l'éducation peut être résolu par des ministères dont le rôle se limite à la transmission des fondements de l'idéologie dominante qui semble avoir besoin de citoyens-soldats de l'économie sur fond de PNB et de la consommation plus que d'individus accomplis. Accompli signifie selon nous déployé selon toutes ses dimensions. Avant que d'être un citoyen, l'enfant humain n'est-il pas un complexe de virtualités qui nécessitent d'être éveillées et élevées ? Ce magistère qu'est l'éducation ne peut être le domaine réservé de l'Education Nationale, chargé de la diffusion du savoir : la cellule familiale est théoriquement la pourvoyeuse des valeurs fondamentales mais est-elle encore en mesure d'assumer ce rôle ?

La problématique de l'éducation a depuis longtemps hantée de nombreuses consciences. Des réponses ont été tentées dans et hors institution avec plus ou moins d'ambiguïté. Car derrière toutes les éducations prédomine consciemment ou inconsciemment une intention souvent qualifiée de bonne, même quand elle n'est qu'endoctrinement, conditionnement et reproduction d'un immuable schéma que les diverses cultures se transmettent avec quelques modifications imposées par les conjonctures. Nous sommes de ceux qui pensent que le changement de société ne peut être sans changement d'éducation, mais une éducation fondée sur la libération de l'être et l'instauration de l'enthousiasme de grandir et de connaître et non la peur de l'échec.

Les enfants sont le don extraordinaire que se fait toute société pour se perpétuer et construire l'avenir.? Il ne peut y avoir par conséquent de changement de société sans changement d'éducation. L'enfant est mystérieusement l'être qui se conçoit avec une facilité déconcertante. On peut même dire qu'il n'est rien de plus banal que de faire un enfant. Il peut résulter d'un authentique élan amoureux comme d'une rencontre hâtive ou fortuite. Il peut se concevoir dans la griserie momentanée d'un couple éméché, d'une routine hygiénique, ou du viol le plus épouvantable... Il n'est besoin pour procréer d'aucune compétence : l'intégrité physiologique et l'instinct de plaisir suffisent. Cette condition a quelque chose d'effrayant par rapport à l'enjeu qu'elle détermine, qui n'est rien moins que la mise en route d'une destinée, une aventure faite de joie, de douleur, un parcours aléatoire aux probabilités multiples et si peu prévisibles. Tandis qu'un cheminement s'accomplit dans l'opulence, l'autre se fait dans la misère, même si parfois les uns souffrent dans la richesse et que les autres éclatent de bonheur dans la frugalité. Il n'est rien de plus extraordinaire que ces "coups de dés" régissant l'histoire de l'homme. Rien n'est jamais acquis au sein des probabilités, et rien n'obéit à des règles absolues, dans cette sorte de contingence, peut-on faire la distinction entre ce qui découle de la nature et ce qui dépend de nos choix ?

A présent, il suffit d'ouvrir les manuels scolaires d'histoire pour s'apercevoir que les batailles, les appropriations de territoires, les invasions, les massacres, constituent l'élément "dynamique" de l'évolution. Châteaux forts, muraille de chine et inventions offensives ou défensives donnent la mesure de l'angoisse de notre espèce, en même temps que les monuments religieux expriment d'autres aspirations divines censées constituer les antidotes, et tout aussi responsables d'horreurs infinies.

Avant la Jérusalem-célete, ville des conflits, de monuments et de discordes entre les religions du même livre, cette lecture du destin suscite tout de même une interrogation : honnêtement, à quoi cela rime-t-il ? Nous voici à l'entrée du 3ème millénaire avec le sentiment de n'avoir pas beaucoup évolué. Bien au contraire, au plan mondial, une personne du Nord consomme autant que quatre personnes du Sud. Jamais l'humanité n'a vécu une telle crise de l'équité que la morale religieuse était chargée de promouvoir. Les inégalités mondiales, les famines, le suréquipement de guerre, la dégradation du support biologique sont autant de signes de nos échecs et nos régressions. Il semblerait même que nous arrivions à l'ultime question : l'humanité a-t-elle un avenir ?

La modernité qui n'a cessé de s'autosuggestionner en s'attribuant la lumière, la raison, est tout aussi impuissante. Et pourtant, parallèlement à une gabegie démesurée, combien d'acquisitions de cette même modernité pourraient nous aider à sortir de l'impasse ? Cependant rien, à notre avis, ne changera si les fondements de l'éducation ne changent pas. Entre les manuels scolaires d'histoire faisant implicitement l'apologie de la force à travers le catalogue de violence des champs de bataille, et un monde où l'avidité, les ambitions individuelles sont de règle, l'enfant entre en angoisse. On quitte le liquide amniotique pour plonger dans un monde "champ de bataille" où il faut se battre, gagner, être premier, dominateur, victorieux Il suffit d'observer ses propres enfants pour se rendre compte qu'ils évoluent bien plus sous la terreur de l'échec que l'enthousiasme d'apprendre, et c'est là une défaillance que les phraséologues ou phraséocrates politico-pédago-psycho-techniciens, s'ils ne sortent du carcan de la société du productivisme efficace, ne corrigeront jamais. Ce qui manque le plus cruellement à notre temps sont les coeurs libres de leurs pulsations liées à une raison intuitive. Nous sommes tous piégés, car la plupart de ceux qui détiennent les leviers sont eux-mêmes "produits" du système qu'ils sont censés infléchir.

Du cursus scolaire à l'entrée en fonction, ils évoluent dans le canal hermétique de leur conditionnement et s'imaginent que leur construction théorique et l'élégance de leurs propos sont valeur de changement. Une vie faite de concepts, une inaptitude à confronter les lois du réel, laisse la place à la griserie des abstractions... Car, au fond, le changement ne peut être que radical. Il faut réussir avant tout des personnes et non s'acharner à réussir des fonctions. Toute personne réussie est un atout extraordinaire pour la société toute entière. Cette personne saura d'instinct répondre à sa vocation et acquérir le savoir ou le savoir-faire pour l'exercer. L'éducation dont s'est dotée la modernité pour se perpétuer est anxiogène. Le taux de suicide d'enfants japonais nés pour servir cette modernité, témoigne du caractère implacable d'un destin artificiel où la moindre défaillance signifie exclusion. Entre la pression qu'exerce sur lui l'ambition des parents et l'aiguillon de l'institution soucieuse de résultats statistiques, l'enfant se trouve prisonnier d'un monde tétanisé par la compétition et dont la finalité est de porter cette compétition au plan international pour le plus grand échec de l'humanisme planétaire.

L'agroécologie n'est évidemment pas la panacée, mais elle permet à l'enfant de recevoir les messages essentiels à travers les fondements de la vie. Un simple tas de compost peut faire l'objet d'une méditation active. Réunir les déchets de la matière organique morte, végétale et animale, les engager dans un processus de transformation pour développer des ferments microbiens et libérer des substances nutritives dans un premier temps ; nourrir ensuite cette terre avec l'humus obtenu et constater que cette terre restitue notre effort en nourriture et bien-être est une première leçon de réalisme en même temps que le retour raisonné à la relation nourricière initiale entre l'homme et la nature.

Cette initiation doit à notre avis s’appuyer fortement sur l’analyse scientifique, la compréhension des processus physiques et biologiques. Nos connaissances actuelles permettent cette lecture essentielle, contrairement aux primitifs dont les perceptions se limitent à des constats élémentaires et “mystérieux”. Notre raison peut s’aventurer dans la complexité des phénomènes. C’est d’ailleurs l’une des grandes acquisitions du monde moderne, de l’astrophysique au vertige de l’infiniment petit, certains scientifiques atteignent à l’émerveillement en même temps qu’une certitude. Aussi loin que l’on repousse les frontières de la connaissance, elle baignera toujours dans un océan d’ignorance et de mystère. Par ailleurs, il n’est guère de scientifique lucide qui ne témoigne de l’indispensable alliance pour notre temps, de l’écologie et de l’humanisme. Lorsque cette voie d’investigation atteint ces limites et nous livre au mystère, celui-ci doit-il forcément nous angoisser ? N’avons-nous pas encore la dimension poétique, avec le délire de l’émerveillement face à la beauté infinie qui ne s’adresse plus à la raison mais à l’émotion ? “Que c’est beau !” s’exclamait sans autre commentaire le Ravi provençal. Une éducation sans éveil à la beauté est un handicap et une mutilation graves. Le délire d’émerveillement n’est pas, selon nous, ce délire mystique échafaudant des hypothèses refuges à nos interrogations impossibles. L’éducation à l’agroécologie doit absolument permettre de saisir clairement ce que signifie la légitimité de toute vie. Il faut prendre conscience de l’unité physique et biologique de la planète terre, une et indivisible en même temps que diverse, apprendre à la considérer au-delà de tous les nationalismes qui l’ont si misérablement fragmentée, morcelée, défigurée jusqu’au plus profond de nos consciences.

Un tas de compost, un arbre, un animal, un homme, une femme, un enfant, compris et respecté, une terre pressentie comme matrice active, subtile, mystérieuse et non une masse minérale inerte, peuvent ouvrir à l’enfant de nouveaux espaces de réflexion, à la vitalité qui, au-delà de nos agitations stériles, perpétue une volonté déterminée et tranquille, avec les saisons comme cadence, les floraisons comme jubilation, la fructification comme contre-poison au conditionnement militaire. Comprendre la cohésion et la cohérence de la biosphère doit lui permettre de retrouver sa juste place dans le grand fleuve du réel. Il est des gestes simples qui, mieux que toute théorie ou savoir encyclopédique, peuvent aider l’enfant d’homme à prendre la mesure de sa responsabilité et à assumer son rôle premier d’intendant attentif au message que le monde vivant dont il est membre tente de lui transmettre. Tout cela pourrait tempérer les effets d’un monde de brutalité mécanique, de pensée géométrique et de confusion des plans...

Nous souhaitons donc de toute notre raison et notre coeur une éducation qui ne se fonde pas sur l’angoisse de l’échec, mais l’enthousiasme d’apprendre. Une éducation qui révèle l’enfant à lui-même tout en lui révélant les richesses, l’énergie et la beauté qu’offre le monde à son alliance vitale et non à son avidité insatiable et destructrice. Une éducation qui abolisse le “chacun pour soi” pour exalter la puissance de la solidarité. Une éducation où le pouvoir de chacun soit au service de tous. Car demain ne pourra pas être sans la coalition des forces positives et constructives dont chacun de nous est le dépositaire.
 
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Se soigner autrement : les 7 + 1 méthodes du Dr David Servan-Schreiber


Par Patrice van Eersel

Plébiscité par le public français, qui a acheté plus d’un million d’exemplaires de son livre Guérir (éd. Robert Laffont), le psychiatre David Servan-Schreiber n’a fait que sélectionner - parmi toutes les “médecines complémentaires” dont sa pratique de chef de clinique, aux États-Unis, lui avait fait vérifier l’efficacité - les sept les plus évidentes, toutes validée par des dizaines de recherches cliniques, même si l’on ne sait pas “comment ça marche”... « Mais cela, dit DSS, c’est le problème de la science, pas de la médecine. »

1.- La “mise en cohérence cortico-cardiaque

Découverte récente : les neurones cardiaques fonctionnent en mini-cerveau semi-autonome. Ce “cerveau du cœur” est très lié au cerveau émotionnel et il s’agit de synchroniser leurs rythmes. Un souvenir délicieux vous fait ressentir une vague de chaleur dans la poitrine ; votre cœur bat différemment, ses variations de rythme se régularisent : il entre en “cohérence”. Les gens pratiquants du zen ou le yoga savent facilement entrer en “cohérence cortico-cardiaque”, même dans un embouteillage, un conflit professionnel, ou une dispute conjugale ! Cela s’apprend.

2.- La méthode de mouvement des yeux. : l’EMDR.

La validation de cette méthode stupéfiante de balancement latéral du regard est venue du traitement des effets post-traumatiques lourds, où il s’agit de soigner les victimes d’émotions terrifiantes. Quelques séances de mouvement des yeux permettent de les ramener à la vie, alors qu’elles sont scotchées dans l’angoisse. Il n’y a pour l’instant aucune explication. Hypothèse : l’EMDR induirait le même type de réorganisation psychique que celui du sommeil paradoxal.

3.- L’acupuncture

Utilisée par exemple contre la douleur et contre la nausée consécutive aux chimiothérapies contre le cancer (sans l’arsenal de produits habituels, aux effets secondaires terribles). Nouveauté : l’acupuncture contre la dépression - les tradipraticiens chinois ou tibétains disent que c’est sa principale application.

4.- La lumière thérapeutique

On sait soigner la dépression par des “bains de lumière » intense. La méthode recommandée ici est préventive : il s’agit de se faire réveiller, non par une sonnerie, mais par une aube artificielle suivant la progression naturelle - au moyen d’un rhéostat électrique. Cela permet au cerveau émotionnel d’opérer une transition harmonieuse vers la journée : avant de vous réveiller, il “rembobine” en quelque sorte vos rêves, fait baisser vos sécrétions de mélatonine, augmente votre taux de cortisol, élève votre température... Particulièrement efficace pour éviter les dépressions qui frappent 10% de la population entre novembre et avril.

5.- Les Oméga3

Une nourriture saine doit équilibrer les lipides oméga3 et les lipides oméga6 - les premiers, propres à la faune et la flore sauvages se trouvant de nos jours complètement écrasés par les seconds, qui sont propres aux animaux et aux végétaux domestiques (huiles de poisson, crustacés, graines de lin, plantes vertes sauvages, gibier). La vertu principale des oméga3 serait d’alimenter le cerveau et de soigner toutes les formes de dépression.

6.- L’exercice physique

Deux études de l’université de Duke montrent que chez les gens qui ont besoin d’antidépresseurs, 30% à 50% rechutent au bout d’un an - alors que ceux qui font simplement du jogging, trois fois vingt minutes par semaine, ne sont que 10% à rechuter. Ça ne coûte rien et tous les effets secondaires sont bénéfiques... Il serait criminel de ne pas en parler !

7.- L’amour

Le “Love Lab” du Pr Gottman a étudié des centaines de couples, en leur collant toutes sortes de capteurs sur le corps, pour mesurer leurs changements physiologiques tandis qu’ils étaient en train de se disputer. Il en ressort qu’apprendre à communiquer, non plus dans la violence, mais dans l’authenticité et un fort désir de dialogue, vous rend beaucoup plus efficace - même si c’est difficile ! I existe des méthodes pour apprendre à dialoguer.

8.- La huitième méthode...

Ce n’est pas exactement une méthode, mais il apparaît que les gens qui participent à la vie sociale (que ce sont dans leur immeuble, leur quartier, leur ville ou leur pays) se portent mieux et vivent plus longtemps. Chacun est donc invité à s’impliquer dans la communauté où il vit, à y faire du bénévolat, à y nourrir des relations en termes d’amitié et de solidarité. Il s’agit d’une dimension essentielle à une vie physique et psychique équilibrée. Se guérir égoïstement n’a pas de sens. On ne se soigne vraiment qu’en intégrant l’autre à sa vie.
 
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Le XIe Commandement


Par François Mazure

Nous considérer en tant qu’entités séparées du cosmos et de la nature a conduit notre civilisation à un seuil dramatique. En ce sens, une révolution se fait aux États-Unis dans le domaine de la psychologie, afin de nous amener à voir l’humain sur terre comme un être porteur d’une responsabilité qui, au-delà du personnel et du collectif, l’inscrit dans le schéma de l’évolution.

Nous avons tous regardé à la télévision ces vieux westerns dans lesquels les pionniers ont mis leurs chariots en cercle et tentent de repousser les assauts d’Indiens qui les encerclent. Juste au moment où les braves vont envahir l’enceinte des chariots, retentit dans le lointain le son aigre d’une trompette de la cavalerie américaine. Déjà l’horizon poudroie...

Les Indiens prennent la fuite. Les pionniers sont sauvés...

Cette scène s’est reproduite tant de fois, dans tant de westerns, qu’elle est devenue un cliché, et qu’aux États-Unis, quand tout semble perdu, on dit : c’est le moment d’appeler la cavalerie. Or en ce moment, aux États-Unis, tout va mal pour le mouvement écologiste. Le public, après s’être enflammé dans les années soixante et quatre-vingt pour la défense de la planète, semble s’être lassé. Les cérémonies de Earth Day, le Jour de la Terre, qui chaque 22 avril rassemblaient des millions de personnes, ont rapetissé en peau de chagrin. Les organisations écologiques perdent leurs adhérents. Greenpeace USA, par exemple, a perdu la moitié des siens, et a dû fermer plus des trois quarts de ses bureaux. Au Congrès américain, à majorité conservatrice, députés et sénateurs, aiguillonés par les ultras de l’extrême droite fondamentaliste, qui ne sont pas loin de voir dans les écologistes des suppôts de Satan, passent à tour de bras des lois anti-environnement. Il s’agit d’un véritable backlash anti-écologie. Ces nouvelles lois menacent de mettre par terre tous les acquis des deux décennies précédentes.

À nouveau, des intérêts privés -grands forestiers, conglomérat des mines, certaines industries-, se sentant protégés en haut lieu, n’épargnent plus la nature et lui portent des coups dévastateurs.

Bref, dans les milieux écologistes américains, depuis quelque temps, c’était un peu la panique. On ne savait plus à quel saint se vouer. Pour beaucoup, le moment était donc venu de faire appel à la cavalerie. On dit qu’il vaut mieux faire appel au Bon Dieu qu’à ses saints. Avec leur enthousiasme sans complexes, c’est exactement ce que les Américains ont fait. À l’appel des écologistes d’outre-Atlantique, Dieu lui-même vient d’entrer dans la bataille pour sauver la planète. De mémoire de yankee, on n’a jamais vu ça.

L’écologie, un problème d’éthique

“Vous comprenez, m’a expliqué l’évêque protestant Peter Kreitler, de Los Angeles, il fallait être clair : l’écologie, ce n’est pas vraiment un problème politique. C’est un problème éthique, un problème de responsabilité. Je dirais aussi que c’est un problème religieux. Dieu nous a placés sur cette Terre pour en prendre soin, pas pour la saccager.”

L’évêque Kreitler, qui est aussi œcuméniste, a fondé avec son ami le rabbin Daniel Swartz et une douzaine d’autres religieux américains de toutes confessions une organisation pour donner corps a leurs idées : The National Religious Partnership for the Environment. Lancée il y a deux ans, elle réunit déjà 55000 congrégations diverses. D’autres groupements lui font écho, comme Clergy for all Creation, qui date de 1995, et The Interfaith Task Force to Save The Ancient Redwoods, créée en 1997 en Californie du Nord.

Peter Kreitler et son ami le rabbin Swartz admettent volontiers que leur tâche n’est pas facile, et qu’ils se heurtent fréquemment, sinon à de l’hostilité, du moins à une incompréhension presque totale. “Nous avons un lourd handicap, reconnaît Peter Kreitler ; tout le monde connaît ces versets assez regrettables de la Bible qui ordonnent à l’homme, dans la Genèse, de devenir “la terreur des êtres vivants” et qui “livrent entre ses mains” toutes les créatures, les animaux, les oiseaux, etc... Mes amis et moi pensons qu’il ne faut pas prendre ces mots littéralement. Mais les partisans d’une interprétation littérale de la Bible refusent de nous suivre. Pour notre part, nous estimons que la doctrine chrétienne a été, jusqu’à présent, beaucoup trop anthropocentriste. En ce qui nous concerne, toute la création est l’œuvre de Dieu. Toute la création a droit à notre respect et déférence.” C’est exactement l’attitude prise par l’organisation Clergy for all Creation. Un peu moins connu que le National Religious Partnership, ce groupe, dans lequel figurent plusieurs prêtres catholiques ainsi que des rabbins et des pasteurs de différentes dénominations protestantes, a pris une position très pointue. Pour eux, la nature est littéralement sacrée, et c’est un pêché que de lui porter atteinte. Le militantisme des membres de Clergy for all Creation semble toutefois inquiéter leurs hiérarchies respectives. Ces clergymen, souvent jeunes, qu’on retrouve régulièrement en tête des manifestations d’écologistes américaines, sont en effet considérés comme bien remuants. Si la France des années cinquante et soixante a connu ses prêtres ouvriers, qu’on appelait familièrement les “curés rouges”, les États-Unis connaissent maintenant leurs “curés verts”. Quelquefois, le Vatican pense qu’ils vont trop loin et sanctionne. C’est ce qui s’est produit pour le prêtre catholique américain Matthew Fox, de l’ordre des dominicains, écrivain prolifique, écologiste très militant, et auteur par ailleurs de thèses controversées par les traditionalistes catholiques américains.

Pour Matthew Fox, fondateur du mouvement Creation Spirituality, la notion et le dogme de péché originel doivent être abandonnés par l’Église et remplacés par celui de bénédiction originelle. Car pour lui, toute la création étant sacrée, c’est une bénédiction pour l’homme que d’avoir été admis en son sein. Matthew Fox a fini par être excommunié en 1994. Il a, depuis, rejoint une Église protestante. Mais, souvent, les autorités religieuses n’interviennent pas.

Un autre prêtre catholique américain, le père Thomas Berry, maintenant âgé, considéré ici comme l’autorité spirituelle du mouvement, continue paisiblement ses activités militantes en faveur de l’environnement, qui sont multiples. Son best-seller, The Dream of the Earth, est devenu un ouvrage de référence.

Pour une terre sacrée

Pour Andrew Beath, grand admirateur du père Thomas Berry, défense de l’environnement et spiritualité sont indissociables. “Pour moi, dit-il, les deux ne font qu’un. Je considère notre planète comme un organisme vivant et sacré, que nous devons respecter avant tout. Quant aux valeurs spirituelles, elles n’ont de sens que si elles sont assez élevées pour englober toute la création, y compris la nature, les animaux et les plantes. La voie de la découverte intérieure, pour nous, passe par le contact direct avec la nature. La spiritualité en chambre, séparée du monde vivant, je n’y crois guère. Souvent, le nombrilisme n’est pas loin.”

Andrew Beath, aussi discret et effacé que ses convictions sont fortes, a réussi a réunir autour de lui toute une jeunesse américaine venue de la lutte écologique militante. “Andrew nous a fait voir les choses d’une façon différente, dit Atossa Soltani, une des jeunes leaders du mouvement écologiste américain. Avant de le rencontrer, nous étions purement des politiques. Les concepts de spiritualité, la notion du sacré, tout cela nous était étranger. Andrew nous a montré comment donner une autre dimension à notre lutte. Être un militant écolo est épuisant, surtout moralement. Les échecs nous faisaient mal. Nous avions toujours l’impression de ramer à contre-courant, aux côtés d’une opinion publique indifférente. Aujourd’hui, nous voyons notre mission d’une façon autre. Extérieurement, rien n’a changé, mais à l’intérieur de nous, nous avons maintenant comme un point d’ancrage spirituel. Notre mission a pris un autre sens. je n’irais pas jusqu’à dire que nous ressentons de l’exaltation, mais en ce qui me concerne, par exemple, je me sens beaucoup plus forte, comme si j’étais protégée et soutenue par quelque chose qui me dépasse, qui me comprend et qui représente le bien.”

Tom Hayden, sénateur démocrate californien et ami de longue date d’Atossa Soltani, s’est aussi engagé dans cette nouvelle voie. C’est un homme politique au passé plutôt aventureux.

Il avait été jeté dans la prison du commissariat central de Chicago à la suite des célèbres émeutes étudiantes de 1968 dans cette ville, lors de la Convention du parti démocrate. Membre, à l’époque, du parti révolutionnaire étudiant SDS, organisateur d’une manifestation monstre contre la guerre du Viêtnam, Tom Hayden avait été mis en jugement avec sept de ses camarades dans ce qui allait devenir le fameux procès des Chicago Eight... Ce procès l’avait rendu célèbre. Marié pour un temps à l’actrice Jane Fonda, Tom Hayden n’a rien perdu de la ferveur de sa jeunesse estudiantine. Pourtant, sans avoir mis d’eau bénite dans son vin révolutionnaire, il a quand même, avec les années, changé d’optique. Aujourd’hui, il est l’une des grandes figures de ce jeune mouvement qui allie écologie et spiritualité. Ecology and Spirituality est d’ailleurs le titre d’un cours qu’il a donné en 1995 durant un trimestre au collège universitaire de Santa Monica, en Californie, en tant que conférencier invité. À chaque cours, l’amphi était plein. Tom Hayden récidive en publiant un livre choc, The Lost Gospel of the Earth, dans lequel il affirme que si le monde de la religion ne se range pas aux côtés du mouvement écologiste, celui-ci est perdu à terme, ou tout au plus ne survivra-t-il que d’une facon anémique, sans réussir la mission qu’il s’est donnée, qui est de renverser le courant actuel et de convaincre la société qu’il faut préserver l’environnement, au lieu de continuer à détruire ce qui en reste au nom du “progrès” et de la “croissance”.

La nature sanctifiée : une solution d’avenir

Pour Tom Hayden, la crise actuelle de l’environnement a des racines qui remontent loin dans le temps, à l’époque où les religions monothéistes et patriarcales ont remplacé les anciens cultes de la nature, centrés sur l’adoration de la Terre Mère.

“Un mysticisme ancré dans la nature a été poussé de côté, souvent violemment, par des théologies centrées sur l’homme qui ont désanctifié la Terre et enseigné aux humains à se sentir supérieurs à la nature”, dit-il, ajoutant que si nous voulons combler le fossé qui s’est creusé entre les hommes et le monde naturel nous devons retrouver ce qu’il appelle “l’Évangile perdu de la Terre” par lequel les humains peuvent réapprendre à vivre en harmonie avec le monde naturel. “C’est à nos risques et périls que nous avons séparé la grâce de la nature et l’esprit de la matière, ajoute Tom Hayden. Quand nous adorons Dieu, là-haut dans les Cieux, la Terre, négligée sous nos pieds, s’atrophie et meurt. Nous avons laissé se développer une société où tout, depuis nos habitudes de vie jusqu’aux décisions économiques et politiques, exploite l’environnement avec indifférence. À moins que la nature de l’État ne soit harmonisée avec l’état de la nature, notre rapacité et notre ignorance vont finalement nous emporter au-delà du point où les écosystèmes terrestres sont capables de supporter l’existence des humains.”

Pour Tom Hayden, il reste cependant un espoir, et cet espoir il le place malgré tout dans les trois grandes religions monothéistes abrahamiques : le judaisme, le christianisme et l’islam.

Il est persuadé que dans les couches originelles de ces religions se cache ce qu’il appelle “un mysticisme de la nature” qui parfois refait brièvement surface, comme dans le culte de la nature de saint François d’Assise, par exemple, ou celui de Hildegarde von Bingen, et qui doit être retrouvé, amplifié et réadopté officiellement par la religion.

“Ce ne sont pas des solutions économiques ou politiques qui vont permettre de stopper la crise de l’environnement” affirme Tom Hayden à ce sujet. D’après lui, la crise est trop grave et trop profonde pour être résolue de cette façon. Afin de nous sortir du bourbier, il faut selon lui quelque chose d’aussi puissant que l’immense élan de foi qui a donné naissance aux cathédrales dans l’Europe du Moyen Âge.

L’écothéologie : un nouveau concept porteur

Tom Hayden et les leaders religieux ou laïcs des cercles Écologie et Spiritualité, qui emploient souvent le mot “écothéologie” pour définir leur mouvement, pensent que les textes de la Bible sont souvent obscurs, et qu’ils peuvent être interprétés de plusieurs façons. Sans nier la nature anthropocentriste et dualiste de la doctrine chrétienne, ils pensent avoir trouvé dans la Bible des passages qui montrent une autre tendance, et une attitude de la divinité plus clémente envers la planète.

Les textes qu’ils citent le plus souvent sont un passage du livre des Révélations disant : “Ne fais pas de mal à la terre, ni à la mer, ni aux arbres” (Révélations 7,3,) et un autre de la Genèse dans lequel Dieu, parlant d’un “pacte de l’arc-en-ciel” qu’il a établi entre la Terre et lui, prononce ces mots : “J’ai mis mon arc dans les nues pour qu’il puisse servir de signe à l’alliance entre moi et la terre” (Genèse, 2). Si les hommes réapprennent, grâce à la religion, à considérer la terre comme sacrée, peut-être la traiteront-ils mieux. C’est du moins ce que pensent les nouveaux écothéologiens américains.

En France, Jean-Marie Pelt semble être du même avis, à lire son livre Au fond de mon jardin.

Il y écrit notamment : “[...] La Bible a un message à délivrer à l’écologie, donc à nous tous ; car, pour elle, le sort de l’homme et de la nature sont étroitement liés. Que l’homme s’en éloigne, qu’il malmène la création, et aussitôt celle-ci, par une colère, une sécheresse, une pollution, sanctionne ces transgressions.”

Aux États-Unis, les nouveaux écothéologiens passent à l’acte de plus en plus souvent.

Les rencontres œcuméniques avec les écologistes se multiplient. Chaque 22 avril, le Jour de la Terre est maintenant célébré dans de nombreuses églises. À New York, tous les ans, le jour de la fête de saint François d’Assise, la cathédrale Saint-John-The-Divine ouvre toutes grandes ses portes à une véritable ménagerie -on y a même vu une fois un éléphant venu d’un cirque voisin- pour célébrer la gloire de toute la création et du monde vivant, ainsi qu’aimait le faire François d’Assise. Au début de 1998, à San Francisco et dans d’autre villes du nord de la Californie, ce sont des religieux eux-mêmes qui ont organisé des manifestations pour sauver de la tronçonneuse des forêts d’anciens conifères menacées de destruction imminente, réclamant pour ces arbres la protection divine. Pour ces hommes et ces femmes, souvent bien en avant de leurs hiérarchies, il faut d’urgence, aux dix Commandements du Décalogue, en ajouter un onzième : “Tu aimeras ta planète comme toi-même.”
 
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