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lundi 16 mars 2009

cultiver la compassion

"Il faudrait repartir à zéro, partir de la conscience et surtout de la compassion. Nous devons comprendre que notre intelligence n'est pas faite pour dominer mais pour aimer. Si nous n'avons pas la compassion, nous sommes l'horreur de la planète. J'ai souvent le sentiment que nous vivons à l'envers. Notre notion du temps, par exemple , est erronée. Nous avons l'impression qu'il passe et que nous, nous restons immobile à le regarder. Quand on dit cela aux Africains, ils nous répondent : "ce n'est pas vrai, c'est nous qui passons". Réfléchissez à cela et vous comprendrez à quel point c'est vrai. Si nous vivions cela nous aurions une notion du temps beaucoup plus juste. De la même façon, nous sommes persuadés que la Terre appartient à l'homme mais c'est faux, la Terre ne nous appartient pas, c'est nous qui appartenons à la Terre. Un jour, je mourrai et je n'emporterai rien avec moi.

La Terre, nous sommes là pour la protéger, la cultiver et certainement pas pour l'exploiter. Quand je pense que nous avons remplacé ce beau mot de paysan par celui d'exploitant agricole ! C'est un véritable contre-sens et c'est tragique. Cela me met hors de moi. Nous ne sommes pas là pour dominer ou exploiter les plantes ou les animaux mais pour les aimer.

Je rencontre beaucoup de chrétiens et je suis toujours étonné de voir à quel point la plupart d'entre eux sont insensibles aux vraies valeurs de la nature. Ils ont vis-à-vis d'elle une attitude de propriétaires, de dominateurs. Alors que, j'en suis persuadé, être religieux, c'est être sensible à la nature, à l'animal, aux arbres, aux plantes. J'en ai vraiment assez de toutes ces proclamations qui mettent l'être humain au-dessus de tout, qui lui donnent le droit de faire ce qu'il veut de la Terre, des plantes, des animaux, des océans...Alors que l'histoire est incroyablement destructrice et sanglante.
Si nous ne revenons pas au sacré, nous sommes perdus. Cela d'autant plus que l'homme a aujourd'hui des moyens terrifiants pour imposer sa loi et détruire cette nature au sein de laquelle il est immergé. La véritable éducation devrait avant tout rendre les jeunes conscients de cet aspect sacré de la nature. Cela devrait être une priorité absolue et, dans ce domaine j'ai le regret de dire que les religions n'ont pas joué leur rôle. J'ai échangé des lettres avec Théodore Monod. A ses yeux, le christianisme n'a rien fait pour nous apprendre à aimer les animaux, les plantes, la nature. Il nous a, au contraire, pousser à nous ériger en dominateurs. Vous voyez le résultat. Personnellement dans les débats publics, je fais mon possible pour aider les hommes à prendre de plus en plus conscience de leur responsabilité à l'égard de la nature et des animaux. Je mets toujours en avant le fait que nous sommes totalement en transgression. J'affirme que les créatures qui nous entourent ont autant de droits que nous. Je ne vois pas pourquoi nous aurions seuls le droit d'exister. J'invite les êtres humains à cesser d'être des prédateurs et à regarder les bêtes avec gratitude pour tout ce qu'elles nous donnent. Moi, je ne cesse de m'émerveiller. Lorsque je vois voler un aigle, j'éprouve une bouleversante émotion, un sentiment fou de liberté. Je ne dis pas que tous les hommes doivent devenir végétariens du jour au lendemain mais je voudrais, lorsqu'ils doivent sacrifier un animal pour s'en nourrir, qu'ils fassent commes les Amérindiens en lui manifestant leur gratitude et en évitant toute souffrance inutile.
Croyez-moi cela changerait tout.
Si nous pouvions déjà cesser d'imposer aux animaux des souffrances inutiles. Il m'est arrivé de voir des corridas à la télévision et j'ai été horrifié. C'est quelque chose de lâche. Voir cette pauvre bête qu'on n'arrête pas d'agacer, les banderilles....Voir la vanité de l'homme face à ce malheureux animal. Il m'est arrivé de souhaiter que le taureau ait, pour une fois, le dessus. Mais dans ce cas, on vole au secours du matador et on tue le taureau comme s'il était coupable, alors qu'il est innocent. C'est fou.

Je vous l'ai déjà dit, je crois, mais il m'arrive d'imaginer la fête qu'il y aura chez les éléphants, les rhinocéros, les baleines, chez tous les animaux si l'espèce humaine disparaissait, victime de sa propre folie.
L'homme n'est pas l'être supérieur qu'il croit être. Il n'est vraiment supérieur que lorsqu'il cultive cette vertu trop rare qu'est la compassion."

Pierre RABHI (le chant de la Terre)

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