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mardi 27 octobre 2009

le temps des vendanges

J'ai la chance d'être née et d'avoir grandi dans un petit village du Languedoc ; village mi-catholique, mi protestants doté de quelques irréductibles **réboussiers copains de deux ou trois braconniers ! Des viticulteurs, vivant de quelques hectares de vignes et de beaucoup d'amour pour leur terre et leur métier qui était plus un art de vivre qu'un travail ; leurs épouses qui oeuvraient, elles aussi dans les vignes, en plus de la maison, et puis le docteur, l'épicier, le bistroquet et les enfants....

A cette époque - que le temps pare de tous les atouts de la nostalgie - la vie coulait tranquille, saine, au rythme des saisons, de la pêche, de la chasse et des vendanges........ et n'oublions pas la messe ou le culte du dimanche.
Parlons en des vendanges, justement, elles viennent de passer, inaperçues, tristes, mécaniques. Pas de rires joyeux au milieu des ceps, pas de cris, pas de fardage de filles, rien que le bruit agaçant de la machine qui passe et repasse, jour et nuit, dans les rangées, frappant les souches pour en arracher les grains, comme si ces dernières étaient coupables de quelque crime. Je ne voudrais pas être un cep de vigne : empoisonné par des traitements de chocs, des désherbants, pour finalement terminer la saison par un match de boxe traumatisant.

Je me souviens encore du sentiment de délivrance de la souche que je ressentais après avoir délestés ses sarments de leurs grappes mûres et juteuses, picorant quelques grains, plus ou moins acides, au passage.

Les reins en compote, le dos raide et douloureux ne ternissaient pas le bonheur de travailler en groupe, la joie de rentrer la récolte, le résultat final du travail de toute une année. Nous étions encore des êtres humains, enracinés dans la terre, menant une vie pleine de saveurs, de simplicité, de communion ; nous étions heureux entre ciel et terre !

Les vendanges finies nous reprenions le chemin de l'école, poussés par nos parents à faire des études pour devenir des fonctionnaires, des employés de bureau ou encore mieux, chacun selon ses dispositions intellectuelles ; alors les paysans ont disparu, nous n'étions plus là pour les perpétuer : quelques rescapés sont devenus des exploitants de la terre ; les autres : des aigris bureautiques, des citadins qui tous les dimanches partent à la campagne à la recherche de leurs racines et de ces temps perdus au profil du confort, de "l'avoir" au lieu de "l'être".... de la solitude, de l'ennui, des regrets.
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** un réboussier est une personne qui agit ou parle à l'envers des autres bien souvent par pur plaisir de contradiction - personnage en général sympathique et attendrissant.
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